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07. 07. 2017 - Architecture, Luxury, Places
Rencontre avec Amélia Tavella à Aix en Provence.

Rencontre avec l’élégante architecte corse Amélia Tavella. Café divin sur les terrasses d’Aix en Provence.

 

Amélia, ou es tu née et ou as tu grandi? Raconte nous ton histoire. 

Je suis née à Ajaccio, en Corse. J’ai eu l’occasion de dire combien mon île natale avait pu influencer mon caractère et mon architecture. Je suis encore aujourd’hui très attachée à la Méditerranée. Je pratique une architecture en quelque sorte insulaire, et le soin que je mets à l’inclusion d’un bâtiment dans un lieu, à la surface de contact entre sa paroi et l’espace environnant, n’est pas sans lien avec la ligne mouvante de contact entre la rive et l’eau sur les rives de la Corse. J’ai été modelée cognitivement par ces paysages.

 

Ou est tu basée? 

J’ai une agence d’architecture à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, et j’en ai créé une autre à Ajaccio. Mais en réalité je passe ma vie dans l’avion et dans le train. Je me déplace tout le temps entre la Corse, la Provence et Paris, où j’œuvre également beaucoup. J’aime cette transition perpétuelle entre différentes villes, différents paysages, différentes ambiances, différentes histoires. Le mouvement qui me fait passer d’un lieu naturel à un grand espace urbain me plaît, et c’est dans ce moment que je concentre mon énergie et ma créativité.

 

Explique nous tes agences d’architecture.  

J’ai créé ma première agence à Aix-en-Provence il y a déjà quelques années. Cela m’était tout naturel car j’ai toujours voulu travailler pour moi-même. J’imagine que c’est la même chose dans le domaine des beaux-arts : on apprend beaucoup dans l’atelier d’un grand maître mais il arrive un moment où il convient de sortir de l’atelier et de travailler par soi et pour soi. Il était nécessaire pour moi de faire en sorte de pouvoir inventer ma propre architecture et le meilleur moyen de le faire était de fonder ma propre agence.

La seconde agence que j’ai créée consistait en un retour aux sources, en quelque sorte. J’ai tenu à travailler en Corse depuis la Corse, à m’y réinstaller complètement afin d’y proposer une architecture dont les racines n’en soient pas déplacées. Force est de constater que je n’ai pas été pervertie par mon absence car je suis à nouveau chez moi, je l’ai pour ainsi dire toujours été, en Corse, où j’ai la joie de travailler sur des projets qui sont parmi mes plus stimulants.

 

Comment décrirais tu ton travail? 

Je ne veux pas en dire trop parce que l’architecture, en un sens, est à tout le monde, et elle est aussi seule au monde, parce que l’architecte n’est pas toujours là, et n’a pas à toujours être là, pour en expliquer le sens. Du reste, une architecture qui aurait besoin d’être expliquée à l’usager a en quelque sort manqué son coup. Une fois qu’un bâtiment existe, ce n’est pas à l’architecte d’en imposer une explication ou une description. C’est à chacun de vivre son aventure esthétique avec lui. Je dirais simplement que je recherche avant tout à ce que mon travail soit contextuel. J’aime apporter une architecture sensuelle et riche de significations dans un lieu intense de beauté et de mémoire.

 

Comment décrirais tu ton style? 

Je ne sais pas si j’ai un style reconnaissable. Il n’est pas forcément bon, en architecture, de vouloir absolument faire une œuvre dans sa continuité, surtout lorsqu’on veut proposer des bâtiments contextuels. Je peux, en revanche, parler de mon processus créatif qui, lui, est toujours le même et dont je crois qu’on devine quelque chose, une trace qui serait comme une signature récurrente, dans mes ouvrages.

Je perds toujours beaucoup de temps à m’imprégner de l’esprit du lieu où je vais bâtir. J’en étudie aussi l’Histoire. Une fois que le lieu a laissé son empreinte en moi je choisis les bons matériaux, des matériaux bruts et nobles, dont je cherche à révéler la beauté par ma collaboration avec les artisans. Je suis très attachée au travail des artisans. Ce sont véritablement eux qui soutiennent l’architecture. Ils sont capables de faire des chefs-d’œuvre, vous savez.

 

Les matériaux que tu utilises?

J’aime les matériaux bruts, contextuels, nobles et travaillés par les hommes de l’art. La pierre, le laiton, le cuivre, le bois… Leur choix motive mon geste artistique. Lorsque j’ai fait une école, en Corse, qui allait se glisser dans un grand espace naturel entre deux chênes centenaires, j’ai senti que le matériau le plus adapté serait le bois, et je me suis formée, de manière improvisée, auprès d’un artisan exceptionnel, à la construction en bois. C’est très complexe, très délicat, c’est aussi très beau. J’avais mille choses à apprendre sur le sujet mais cela s’imposait à moi parce que n’importe quel autre choix que celui du bois lui aurait été inférieur. En ce moment je travaille sur la mise en espace de Bastide, et j’ai mis au point avec un artisan extraordinaire une manière inédite de travailler la pierre au sol : un trompe l’œil qui rappelle les chevrons d’un parquet.

 

Ou peux ton découvrir ton magnifique travail?

Probablement en Corse. J’y ai bâti une école avec du bois, un centre culturel à Porticcio avec de la pierre. Je suis en train de réhabiliter un couvent magnifique à Sainte-Lucie de Tallano avec du cuivre. Ce sont des projets qui me tiennent à cœur. Il y a aussi plusieurs séries de logements collectifs à Aix-en-Provence que je fais avec autant de rigueur et de plaisir. C’est dans cette même ville que je fais la boutique de Bastide. C’est une boutique dédiée au soin du corps qui est installée dans un vieil immeuble au cœur d’Aix. J’y ai fait mettre à nu des poutres de bois splendides, une arche de pierre ancienne, et j’y ai fait installer un lavoir de pierre merveilleux, taillé dans une seule pièce de calcaire, un chef d’œuvre. J’ai voulu proposer un développement du thème des lavandières, ces femmes qui venaient au lavoir laver le linge. Il y a un détournement de cet objet de labeur en un objet de plaisir, de détente et de beauté mais toujours riche d’Histoire, de récit, de sens.

 

Quels architectes vénères tu?

Il y en a tellement. Je parlerais volontiers d’architectes comme John Pawson qui a travaillé à un monastère en République Tchèque qui est magnifique. Je parlerais aussi avec plaisir de Peter Zumthor dont je trouve l’œuvre passionnante. Zumthor est aussi, en plus d’un architecte génial, un ébéniste. Vous voyez qu’il y a toujours cet attachement à l’artisanat, à la connaissance et au savoir faire artisanaux, qui m’intéressent.

Mais je voudrais aussi parler d’architectes méditerranéens. Il y a l’agence Aires Mateus au travail de laquelle je suis très attachée. J’admire ces architectes qui ont su tracer leur chemin, réaliser de petits projets à la perfection au point d’y avoir gagné une visibilité internationale. Il y a une pureté dans ce processus créatif. Il y a aussi par exemple Alberto Campo Baeza, qui est espagnol et dont je trouve le travail stimulant.

Il ne faut pas oublier l’architecture passée. De toute manière, puisque l’architecture est faite pour demeurer longtemps, comment pourrions-nous l’oublier ? J’aime l’abbaye du Thoronet par exemple. J’y emmène mes filles le week-end. C’est un lieu de beauté absolue.

 

Ou puises tu ton inspiration?

 Dans mes déplacements, dans le train et l’avion, dans les moments de transition qui rythme mes semaines entre Aix-en-Provence, Paris, la Corse. Dans l’art. Dans les livres. Dans mon passé, mon enfance vécue dans mon île natale. Dans le temps. Je laisse beaucoup travailler mon inconscient. Je me laisse imprégner des lieux, des projets. Je veux que l’âme des lieux se dépose en moi comme un limon. Je dirais qu’il y a une différence entre puiser de l’énergie et puiser de l’inspiration. Je sais où puiser de l’énergie. Quant à l’inspiration, je vais moins la chercher que je ne la laisse se déposer en moi.

 

Quel est le pays que tu chéris plus particulièrement? 

Je serais bien en peine de vous répondre. Je voudrais pouvoir bâtir partout. Non pas pour imposer mon architecture à n’importe quel environnement mais bien au contraire pour la soumettre à ce que chaque lieu a de spécifique. Pour la soumettre à des paysages, des Histoires, des populations, des environnements urbains… J’ai l’ambition d’inventer des architectures contextuelles, et ma préférence est alors secondaire. Un architecte ne devrait pas trop donner son avis sur les pays et les villes. Il devrait faire de son mieux, voilà tout.

 

Qu’aimes tu le plus en Corse? A Aix? 

 La Corse fait partie de moi. Aix-en-Provence est un peu particulière. C’est une ville du sud de la France, une ville provençale, très différente de Marseille par exemple. Il y a à Aix un art de vivre, un charme, une douceur de vivre qui me plaisent. Un climat, des arômes, des ambiances. C’est aussi très loin, véritablement loin, de Paris, mais il est possible de se rendre à Paris en très peu de temps depuis Aix. La Méditerranée, quant à elle, n’est pas loin.

 

3 mots pour décrire ta passion pour l’architecture  ?

 Charnelle. Sensuelle. Incarnée.

 

Tes prochains voyages ? 

Je vais passer du temps à Rome, dormir à la Villa Médicis. Cette perspective m’enchante. C’est un lieu extraordinaire, artistiquement indépassable. CP

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