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01. 09. 2017 - Art, Communication, Experiences
Rencontre avec Grégoire Mangeat, entre Art et Bâtonnat à Genève.

Bâtonnier de l’ordre des avocats de Genève depuis 2016, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette fonction ?

Le Bâtonnier est en quelque sorte un « chef de famille », élu par ses pairs. Il préside l’Ordre des avocats. Il conçoit et propose des solutions de paix lorsque les avocats s’adressent des reproches ou lorsque des clients sont mécontents. Il représente les avocats lors de cérémonies officielles, en Suisse comme à l’étranger. Il est l’interlocuteur des autorités, en particulier du Pouvoir judiciaire, pour toutes les questions qui se posent en lien avec l’exercice du métier, l’accès au droit et à la justice. Il lui appartient enfin de prendre la mesure des évolutions du métier, des attentes du public, afin de porter au sein même de la profession les réformes et les adaptations nécessaires.

Quelles sont les principales missions de la Maison des Avocats de Genève située en vieille ville ? 

La Maison des Avocats est le lieu central de la vie de l’Ordre. Elle est un repère, un lieu d’accueil, un lieu de conciliation. Elle est une sorte de maison familiale, à disposition de l’ensemble des avocats.

Vous êtes à la tête de votre étude d’avocat, pouvez-vous nous dire quels sont vos terrains de prédilection ? Combien de collaborateurs comptez-vous?

Je ne suis que l’un des cinq associés actuels de l’étude. Six collaborateurs, trois stagiaires, un paralegal et trois assistantes font partie intégrante du cabinet. L’étude est de taille moyenne, à l’échelle du barreau de Genève. Mon équipe ne traite par exemple que de litiges, mais dans des situations très variées de la vie courante. Une part importante de mon activité concerne la criminalité économique sous toutes ses formes (gestion déloyale ; faux dans les titres ; fraudes ; fonds bloqués ; demandes d’entraide entre États ; extradition ; etc.)

En quoi le métier d’avocat en Suisse diffère de celui d’avocat aux USA ?

Les différences ne sont pas aussi importantes que les films ou les séries pourraient le laisser penser. Dans mon domaine d’activité, de plus en plus souvent, des « deals de justice », c’est-à-dire des solutions négociées avec un procureur, remplacent le procès tel que vous l’imaginez, avec ses salles d’audience boisées et la mise en scène qui l’accompagne. Dans l’affaire de la FIFA, où des personnes ont été arrêtées dans un hôtel à Zurich puis réclamées par Washington, j’ai beaucoup travaillé avec un avocat new-yorkais, ancien procureur fédéral. Je n’ai jamais ressenti qu’il y aurait eu une différence significative dans l’exercice de notre métier. En revanche, des différences procédurales ont un impact énorme sur les priorités de l’avocat. Par exemple, dans le cas de la FIFA précité, l’avocat new-yorkais a passé plus de huit mois à préparer, puis à négocier les conditions d’obtention d’une liberté provisoire, dans l’hypothèse (combattue à l’époque) d’une future extradition de notre client, de la Suisse vers les États-Unis.

Racontez-nous votre parcours d’homme et d’avocat.

Votre question suggère que j’aurais déjà quelque chose à raconter sur ces deux sujets… Après dix-huit ans de métier, je commence seulement de pouvoir énoncer ce qui me paraît être décisif pour l’accomplissement de sa vie d’avocat – attention, ça ne fait pas forcément rêver : se faire des exigences de qualité très élevées ; savoir écouter l’autre ; savoir faire parler les gens ; susciter respect et confiance ; et cultiver une indépendance au-dessus de la moyenne. Disons que si tout cela fonctionne, l’avocat est plus serein, et l’homme – par effet d’entraînement – devient plus agréable. L’enjeu, cette sérénité, j’en suis encore assez éloigné. Il paraît que mon indice de Positivity, comme disent les anglo-saxons, soit ma capacité à tenir à distance les pensées inquiètes, est encore trop faible.

Nous notons que vous avez un penchant prononcé pour l’art contemporain sur votre site internet. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez intégré l’art et le design à votre métier d’avocat ?

Ma mère est céramiste et sculptrice ; mon père est architecte. J’ai passé l’entier de mes vacances scolaires, pendant vingt ans, au milieu de tas de cailloux – sur des sites archéologiques – ou dans des musées. Je ne suis pas en train de réécrire l’histoire et d’essayer de vous faire croire que c’était drôle. Mais disons que j’ai toujours côtoyé l’art, que ce soit comme interrogation ou bousculement du réel, ou dans sa dimension esthétique.

Quels sont les personnages qui vous inspirent ?

Ceux qui produisent du beau et de l’émotion avec peu. Avec très peu, même.

Que faites-vous de votre « peu » de temps libre ?

Ce sont des respirations. J’essaie de lire, de découvrir, ou de relire, de redécouvrir. Je pense qu’il faut saturer le temps et l’espace. Je rate un nouveau plat en cuisine. Je bats la mesure, de façon assez ridicule, au milieu du salon, pour essayer de ressembler au compositeur ou au chef d’orchestre du début du XXe siècle que je ne serai jamais. Un compositeur moderne, mais pas révolutionnaire. Et puis la réalité me rattrape à peu près 4 minutes plus tard…

Lors de la dernière soirée des avocats en avril 2017, vous avez promu le travail d’une artiste locale Juliette Roduit, quel était l’objectif de cette action ?

J’ai voulu qu’il y ait un studio photo dans la salle, que les invités puissent investir de façon très libre tout au long de la soirée. Comme je ne voulais pas d’un décor qui aurait déjà été utilisé vingt fois à Genève pour des mariages ou des soirées de fin d’année de banquiers privés, je me suis tourné vers Juliette Roduit pour un décor original, pour une véritable proposition d’artiste sur la base de l’idée que j’avais exprimée.

Quel est pour vous le futur des cabinets d’avocats ?

Je rêve d’une société où toute personne, quelle qu’elle soit, quel que soit en particulier son niveau de revenus, et quelle que soit sa question, ait accès à un avocat et à des mécanismes de résolution des conflits. Il n’y a donc pas un « futur » unique des cabinets d’avocats. Il y aura bientôt, je l’espère, plusieurs types de cabinets d’avocats, organisés de façon très différente, et très adaptés aux besoins d’un public cible. Aujourd’hui, le cabinet qui reçoit la succession d’un roi déchu ressemble à s’y méprendre au cabinet qui conseille une start-up créée par trois jeunes de 26 ans qui programment des algorithmes. Mêmes dorures. Mêmes papiers. Mêmes cravates. C’est un peu ridicule, et cela rend un peu compte du degré d’ankylose du monde des avocats.

Quel est l’un de vos objectifs pour les années à venir ?

Me montrer particulièrement inspirant pour les jeunes qui choisissent de travailler au sein de notre étude. Aider plus que tout mes clients. Faire reconnaître l’étude comme étant l’une des meilleures d’ici cinq à dix ans. Puis atteindre soudainement une forme de simplicité, d’épure même, qui arrose de bonheur tout mon entourage. Je me mets au travail immédiatement…

 

www.mangeat.ch 

Credit photos: Jeremy Spierer
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